L’économiste Gabriel Zucman, docteur de l’EHESS, lauréat de la prestigieuse médaille américaine John Bates Clark

Spécialisé sur les questions d’évasion et d’inégalités fiscales, l’économiste Gabriel Zucman, diplômé de l’EHESS, s’est vu remettre la médaille John Bates Clark le 2 mai dernier. Cette prestigieuse récompense apparue en 1947 est attribuée annuellement par l’American Economic Association (AEA) à un ou une économiste de moins de 40 ans.
Après un cursus à l’ENS Paris-Saclay et un Master « Analyse et politique économique » à la Paris School of Economics en 2008, Gabriel Zucman entreprend un doctorat à l’EHESS. Intitulée « Essais sur la répartition mondiale des fortunes », sa thèse est dirigée par l’économiste spécialiste des inégalités économiques Thomas Piketty, qui s’est réjoui, dans une récente chronique au Monde, de voir le prix américain décerné à son élève et collègue pour ses « travaux novateurs démontrant l’importance considérable de l’évasion fiscale des plus riches, y compris dans les pays scandinaves, un peu vite considérés comme des modèles de vertu, […] et l’ampleur insoupçonnée du contournement de l’impôt sur les sociétés par les multinationales de tous les pays ».
Le parcours d’enseignement de Gabriel Zucman débute à la London School of Economics entre 2013 et 2014, avant de se poursuivre à l’université de Berkeley, où il est aujourd’hui professeur associé, ainsi qu’à la Paris School of Economics (PSE).
Une récompense pour ses travaux axés sur l’évasion fiscale et la montée des inégalités
Avant même de recevoir de prestigieuses récompenses, les recherches en science économique de Gabriel Zucman connaissent une renommée internationale : édité pour la première fois en 2013, son ouvrage La richesse cachée des nations : Enquête sur les paradis fiscaux, se hisse au rang de best seller et est traduit dans plus de dix-sept langues. Au travers de cette enquête, le directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité démontre notamment que 8 % du patrimoine financier des ménages à l’échelle mondiale est détenu dans des paradis fiscaux.
Dans un récent entretien avec Mediapart, l’économiste partage ses recommandations pour lutter en France contre ces pratiques d’évasion fiscale : « Il y a plusieurs réformes possibles. La réforme à minima consisterait à empêcher l’optimisation fiscale qui a lieu aujourd’hui, qui consiste à toucher des dividendes via des sociétés-écran, de façon à ce qu’il soit exclu du périmètre de l’impôt sur le revenu. »
Les travaux de Gabriel Zucman avaient déjà été salués en 2018 par le Cercle des économistes, qui lui avait alors décerné le prix du Meilleur jeune économiste, un an avant d'obtenir le prix européen Bernacer. Il devient le troisième économiste français à recevoir la médaille John Bates Clark, à la suite d'Emmanuel Saez en 2009 et Esther Duflo, également diplômée de l’EHESS, en 2010.