
Une femme a passé
Méditation sur la Gradiva
L’essai de Freud Délire et rêves dans la « Gradiva » de Jensen (paru en 1907) présente les concepts de base de la théorie psychanalytique de manière très didactique, en observant les personnages inventés par le romancier allemand comme des personnes réelles. Il s’empare des scènes où s’agitent le héros, sa Gradiva de plâtre et sa voisine Zoé pour figer leurs interactions en autant de figures aptes à l’abstraction, comme le faisaient les auteurs d’emblèmes et de « devises » [imprese] de la Renaissance et de l’âge baroque. Quelque chose dans la fiction échappe pourtant à cette opération et ce quelque chose sert d’ouverture par où regarder Freud comme lecteur « ordinaire » de fiction. Chemin faisant, à partir des silences freudiens confrontés à la poétique des ruines et de leurs spectres pratiquée par Jensen et quelques autres, ce livre s’interroge sur l’historicité des fantasmes et de leurs mises en récit comme visions.