Création de la section des sciences économiques et sociales, VIe section de l’EPHE (décret du 3 novembre 1947)
La création de la VIe section de l’EPHE dans le cadre du renouvellement institutionnel de l’après-guerre, avec l’aide financière de la Fondation Rockefeller, a été le fruit de la rencontre de trois hommes : Lucien Febvre, Fernand Braudel, Charles Morazé. Ce dernier a été le passeur qui mit la Fondation Rockefeller en relation avec Lucien Febvre, l’historien inventeur de l’École historique des Annales, fondée avec Marc Bloch en 1929, le directeur scientifique de l’Encyclopédie française et le promoteur du rassemblement disciplinaire des sciences sociales autour de l’histoire. Lucien Febvre a choisi Fernand Braudel pour mener à bien un ultime dessein : l’édification d’un établissement d’enseignement supérieur et de recherche en marge de l’université, rompant avec les traditions universitaires de l’enseignement en chaire et du travail solitaire du savant, créant des séminaires et organisant, au sein de centres de recherche, des grandes enquêtes dans tous les domaines des sciences sociales.
Clemens Heller et les aires culturelles
À la mort de Lucien Febvre, en 1956, Fernand Braudel lui succède à la présidence de la VIe section et poursuit son œuvre d’accueil, de regroupement et d’innovation dans le domaine des sciences sociales. En même temps que le fort développement des études historiques et sociologiques, il organise, avec l’aide de Clemens Heller, un vaste programme de recherches sur le monde contemporain qui devait faire de la VIe section de l’EPHE le lieu d’expérimentation et de formation d’une nouvelle génération de spécialistes apportant à la connaissance des différentes aires culturelles les méthodes des sciences historiques, économiques et sociales. C’est ainsi que sont créés au milieu des années cinquante les premiers centres de recherche et de documentation sur la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique, l’Islam.
Création de la Maison des sciences de l’homme
Fernand Braudel donne en même temps corps au projet de Maison des sciences de l’homme, conçu à partir de 1955 avec Lucien Febvre et Gaston Berger, réalisé avec l’aide initiale de la Fondation Ford. Cette « Maison », qui devait héberger en priorité les centres et équipes de la VIe section de l’EPHE, avait pour vocation d’abriter une bibliothèque et de développer les ressources des centres de documentation et de recherche consacrés aux sciences de l’homme et de la société. Elle fut érigée sur l’emplacement de la Prison du Cherche-Midi, dans un immeuble situé au 54 boulevard Raspail à Paris dont la construction s’acheva en 1969. La VIe section de l’EPHE, qui n’avait été dotée d’aucun local propre depuis sa création, put s’y installer progressivement à partir de 1970.
Transformation de la VIe section de l’EPHE en École des hautes études en sciences sociales (décret du 25 janvier 1975)
L’historien Jacques Le Goff, élu président de la VIe section en 1972, entreprit une redéfinition collégiale de l’École. S’inscrivant dans la continuité du dispositif initial dont l’unité est le centre ou le laboratoire de recherche et la forme d’enseignement est le séminaire et non le cours, il renforça la réflexion programmatique sur l’interdisciplinarité des sciences sociales. Lors d’une rencontre des directeurs d’études à Royaumont (1973) qui laissa des traces durables dans la mémoire et un texte de synthèse écrit par Roland Barthes, l’idée de redéfinir les orientations de la VIe section aboutit principalement en la transformation, souhaitée déjà du temps de Fernand Braudel, en une institution émancipée de sa matrice originaire et qui prit pour nom l’École des hautes études en sciences sociales.
Le présent et l’avenir
Implantations L'Ecole des hautes études en sciences sociales est implantée à Paris, où se situe son siège, et en région, à Marseille, Lyon et Toulouse.
Le Campus Condorcet est né du pari de l’EHESS et de l’EPHE de lancer le projet d’un campus en recherche en sciences humaines et sociales pour répondre aux défis pédagogiques, scientifiques et numériques du XXIe siècle. Au même moment, l’Université Paris 1 programmait une vaste opération, Porte de La Chapelle, au bénéfice de ses étudiants. Rejoints par l’INED, le CNRS, l’ENC, la FMSH et les universités Paris 3, Paris 8 et Paris 13, le projet, soumis au comité d’évaluation du Plan Campus, a été sélectionné en février 2009. Il est porté par un établissement public ad hoc, dont l’EHESS est membre fondateur.
Au sein du Campus Condorcet, un bâtiment sera spécifiquement destiné à l’accueil d’unités de recherche de l’EHESS. Le bâtiment, dont la conception a été confiée à l’architecte Pierre-Louis Faloci, abritera près de 540 postes de travail, ainsi que deux salles de séminaire.