Discriminations raciales et discrimination positive

De la question sociale à la question raciale ?
Cycle organisé par
Didier Fassin (EHESS - Université Paris XIII, Cresp) et Eric Fassin (ENS, LSS-GTMS)
Didier Fassin (EHESS - Université Paris XIII, Cresp) et Eric Fassin (ENS, LSS-GTMS)
Deuxième journée :
Discriminations raciales et discrimination positive
En France, naguère encore, le problème de la « ligne de couleur » ne se posait pas, ou plutôt, il n’était pas posé. Que l’on affirme la nation dans le langage de l’universalisme républicain ou bien que l’on représente la société en termes de luttes de classes, la différence racialisée ne semblait guère avoir d’existence qu’ailleurs, là où le racisme creusait l’altérité - comme aux états-Unis ou en Afrique du Sud.
Désormais pourtant, en France aussi, des refus d’embauche aux quotas de logements sociaux, des inégalités sociales sont de plus en plus reconnues pour ce qu’elles sont, à savoir des discriminations raciales. Parallèlement, des controverses sur les banlieues aux polémiques autour du voile, l’espace public est progressivement saturé de débats où la disqualification raciste redouble la ségrégation sociale. Et par un effet d’inversion du stigmate, on assiste, parmi ceux-là mêmes qui en sont les victimes, à une réappropriation du lexique de la « race ». Cette triple réalité, que l’on a si longtemps répugné à interpréter dans ce registre et qui continue de faire l’objet d’une large dénégation, la société française et, plus difficilement peut-être, les sciences sociales commencent à la nommer.
C’est à une interrogation sur ce déplacement de la « question sociale » vers une nouvelle « question raciale » que ce cycle est consacré. Sans doute est-il toujours dangereux d’utiliser le vocabulaire racial, fût-ce avec des guillemets. Il ne s’agit pourtant pas de participer au mouvement que l’on décrit. Aujourd’hui, parler en ces termes semble au contraire nécessaire pour rendre pensable la racialisation de la société que l’embarras de nos disciplines n’a guère contribué à entraver. Au lieu de l’ignorer, on voudrait ainsi se donner les moyens d’en développer la critique.
Sur ces thèmes, deux journées sont organisées, qui déboucheront sur la publication d’un livre collectif. La première, intitulée « Races et racismes », s’est tenue à l’ENS vendredi 4 février 2005. La seconde aura lieu lundi 17 octobre 2005 à l’EHESS. Elle sera consacrée à la double question des discriminations raciales et de la discrimination positive, pour reprendre deux termes entrés récemment, et simultanément, dans le vocabulaire politique et scientifique en France.
On s’attachera à la fois à l’analyse des pratiques et des logiques discriminatoires, et aux enjeux paradoxaux des politiques qui prétendent les combattre, du problème de l’identification des populations concernées à la question de la dénégation des discriminations elles-mêmes au cœur de ces politiques. On poursuivra ainsi l’analyse de l’actualité des questions raciales, d’une part à la lumière de l’histoire nationale (et en particulier de l’histoire de l’esclavage et du colonialisme, désormais mobilisée dans les controverses françaises), et d’autre part à travers la comparaison internationale (singulièrement avec les états-Unis, référence obligée dans les débats hexagonaux).
Programme
Matin, 9h30-12h30
Introduction : Didier Fassin
Présidente : Véronique de Rudder (CNRS, Urmis)
Discutant : Gérard Noiriel (EHESS, GTMS-LSS)
Patrick Simon (Ined)
Le dilemme du « racisme sans race » : catégorisations raciales et statistiques sur les discriminations
Agnès Van Zanten (CNRS, OSC)
Représentations et stratégies d’évitement de la mixité ethnique par les classes moyennes à Paris et Londres
Didier Fassin (EHESS-Paris XIII, Cresp)
Le déni des discriminations raciales. Enquête ethnographique et propositions anthropologiques
Discussion
Après-midi, 14h30-17h30
Présidente : Danièle Lochak (Paris-X, Credof)
Discutant : Etienne Balibar (Paris-X)
Pap Ndiaye (EHESS, Cena)
Pour une histoire des populations noires en France. Préalables théoriques
Daniel Sabbagh (FNSP, Ceri)
La légitimation de la discrimination positive aux états-Unis et en France dans l’enseignement supérieur
Eric Fassin (ENS, LSS-GTMS)
Combattre les inégalités économiques, ou les discriminations raciales ? Une articulation problématique.
Discussion
Conclusion : Eric Fassin
Lieu : Amphithéâtre, école des hautes études en sciences sociales
105, boulevard Raspail 75006 Paris
Contacts : didier.fassin@ehess.fr eric.fassin@ens.fr
Informations pratiques
Chercheur(s):
Date(s)
- Lundi 17 octobre 2005 - 09:30
Lieu(x)
- EHESS, Grand amphithéâtre, 105 bd Raspail, 75006 Paris,