De quelle régulation éthique les sciences sociales ont-elles besoin ?

Au cours de la période récente, dans les pays anglo-saxons, les chercheurs en sciences sociales ont été de plus en plus fréquemment soumis à des exigences éthiques formelles qui ont pour désignation Institutional Review Boards. Calqués sur un modèle mis en œuvre dans le monde biomédical, ces codes définissent un ensemble de normes à l’égard des "sujets humains de la recherche" à la manière de ce qui se passe, par exemple, dans l’expérimentation de nouvelles molécules. En introduction au numéro de novembre 2006 de la revue American Ethnologist, qui consacre un dossier à cette question, Virginia Dominguez écrit : "Dans de nombreux lieux où l’on fait de l’anthropologie aux Etats-Unis, la mention de l’acronyme IRB suscite soupirs, plaintes et des expressions d’exaspération. Pour beaucoup, il signifie une intrusion dans la pratique de la recherche anthropologique". La remarque vaut pour l’ensemble des sciences sociales dès lors qu’elles recourent à des techniques d’entretien et d’observation qui mettent les chercheurs en relation avec des personnes. Si la recherche française dans les sciences sociales n’est pas (encore) confrontée à ce type de régulation, il semble crucial de prendre la mesure du risque réel d’extension de ces modes de contrôle de l’activité scientifique (sous l’effet notamment de l’harmonisation des "bonnes pratiques" de recherche au niveau européen) mais aussi d’anticiper ce mouvement par une réflexion collective sur ce que pourraient être des procédures pertinentes pour prendre en compte les questions éthiques complexes que nous rencontrons dans nos enquêtes (réflexion au demeurant engagée au sein de l’Ecole il y a un an). Nous proposons donc une discussion autour de ces enjeux à partir d’expériences de recherche.
Programme
Présidence : Danièle Hervieu-LégerIntroduction : Didier Fassin et Carine Vassy
- La démocratie, la liberté d'enquête et la protection des sujets humains en sciences sociales, Robert Dingwall, IGBIS, Université de Nottingham
Contrepoint : Carine Vassy, IRIS, Université Paris 13
- Le travail ethnographique au risque de l’éthique, Didier Fassin, IRIS, EHESS et Université Paris 13
Contrepoint : Christian Mouhanna, CSO, CNRS
Chacun-e est bienvenu-e. Il est toutefois nécessaire, pour des raisons de place, de s’inscrire en écrivant à c.vassy@iname.com .Informations pratiques
Date(s)
- Lundi 12 février 2007 - 14:30
Lieu(x)
- EHESS, salle 524, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris,